L'ostéopathie après une chirurgie du sein...
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Le cancer du sein touche aujourd’hui plus de 55 000 femmes de plus tous les ans. Sa bonne prise en charge est un véritable enjeu de santé publique. La décision de l’acte chirurgical est souvent difficilement vécue.
La médecine traditionnelle brille par sa technicité et, aujourd’hui, l’opération en elle-même est bien maîtrisée. Pourtant, une fois l’acte chirurgical passé, le patient est souvent confronté à lui-même, le laissant face à de profondes cicatrices psychologiques et physiques.
L’ostéopathie après la chirurgie ? De plus en plus de chirurgiens travaillent en complémentarité avec les ostéopathes, même si ce n’est malheureusement pas encore systématisé. Encore trop méconnue pour son rôle après une chirurgie du sein, l’ostéopathie trouve pourtant une place de choix pour faciliter le retour à la vie active.
Pour quels symptômes consulter ?
- Douleur sourde et profonde, diffuse, de l’épaule
- Phénomène douloureux continu ou seulement à la mobilisation de l’épaule et du bras
- Cicatrice douloureuse qui limite le mouvement
- Douleurs dorsales et costales
- Diminution de l’amplitude des mouvements de l’épaule
- Gênes dans l’exécution de certains mouvements (lever le bras ou le porter vers l’arrière)
- Lymphœdème (gonflement)
- Fourmillements dans le bras
En général, après la chirurgie, on peut par exemple constater une diminution de l’amplitude des mouvements de l’épaule et une difficulté à exécuter certaines tâches ordinaires et indispensables.
En résumé : des mouvements de l’épaule difficiles et/ou douloureux, accompagnés de gonflements qui rendent certaines tâches habituelles complexes (se laver les cheveux, ranger des affaires en hauteur, accrocher son soutien-gorge, porter une charge, conduire, etc…)
Quelle est l’action de l’ostéopathie après une chirurgie du sein ?
Le traitement ostéopathique peut permettre d’améliorer la qualité de vie des patientes en visant à redonner de l’élasticité et de la souplesse aux tissus.
Plus tôt il sera effectué, meilleures seront les chances de soulager la douleur afin d’améliorer l’aisance de l’utilisation de l’épaule et du bras concerné.
En effet, lors de l’intervention chirurgicale, des points d’accroche et des adhérences peuvent se créer entre les tissus environnants (cotes, muscles intercostaux, pectoraux, etc…), puis, par la suite, ces tissus et certains tissus autour, parfois tout un hémi-thorax, se figent et se rétractent dans une position que l’on pourrait qualifier de « position de protection » (enroulement de l’épaule et du bras vers le thorax par ex.).
La douleur entraîne un cercle vicieux, elle incite la patiente à diminuer l’utilisation de son bras ; ainsi, les tissus se figent et le processus douloureux à la mobilisation devient de plus en plus important, ce qui accentue la raideur des tissus et le phénomène de protection et ainsi de suite….
De plus, la cicatrice peut être adhérente aux tissus sous-cutanés, elle provoque ainsi une douleur et une limitation de certains mouvements de l’épaule (accroche de la cicatrice sur les enveloppes musculaires).
Tous ces éléments entraînent de fortes tensions, empêchant une amplitude correcte et sans douleur lors des mouvements de l’épaule car on demande à des tissus rétractés et figés de s’étirer au-delà de leur capacité.
Le but de l’ostéopathe est de travailler avec les tissus, notamment en étirements et avec la cicatrice, si possible, afin d’obtenir le maximum de relâchement au niveau de la zone atteinte et de l’hémi-thorax dont il est question.
L’ostéopathe va permettre une meilleure hydratation des tissus en optimisant la microcirculation ; par son travail, il vise à améliorer les possibilités de glissement des différentes couches de tissu entre elles et ainsi à gagner dans la souplesse et l’amplitude du mouvement. Ainsi, le cercle vicieux est rompu petit à petit.
Plusieurs exemples de travail de l’ostéopathe suite à la chirurgie du sein
- Les cotes, le sternum et les vertèbres (thorax)
Ces structures osseuses permettent la continuité anatomique du thorax, et elles s’articulent entre elles : articulations costo-vertébrales (x3), articulation chondro-costale, et articulation chondro-sternales. La plupart du temps, tout un hémi-thorax haut est hypo mobile avec un groupe vertébral et costal en restriction de mobilité sur plusieurs étages.
Il faut relâcher les points d’accroches dans toutes les articulations et permettre aux cotes de se mobiliser par rapport aux dorsales et au sternum.
La clavicule et la scapula sont à examiner et à travailler également.
- Les muscles intercostaux
Ces muscles qui se se situent entre chaque cote sont également souvent contracturés suite à l’intervention chirurgicale : les cotes de l’hémi-thorax opéré se rapprochent les unes des autres par l’intermédiaire des intercostaux et se figent : le muscle est resté contracté, il faut le relâcher et permettre une mobilisation correcte des cotes entres elles.
- Les muscles pectoraux et leurs accroches tendineuses qui sont généralement inflammés
et/ou contractés et qui maintiennent une information nerveuse erronée (cercle vicieux neuromusculaire). L’aponévrose (l’enveloppe) de ces muscles, qui peut aussi se densifier. Il faudra alors travailler avec ces derniers et relâcher au maximum les aponévroses musculaires.
- Au niveau du creux axillaire,
De nombreux muscles se rejoignent à ce niveau et leurs aponévroses forment le fascia pectoro-axillaire (muscles pectoraux, muscles de l’épaule et du bras, muscle grand dorsal). Ce fascia est victime de nombreuses densifications tissulaires suite à la chirurgie, celles-ci forment des points de ralentissement et empêchent un mouvement complet du bras, sans douleur.
Relâcher tous les points d’accroches permettra un assouplissement des tissus et va favoriser la reprise d’une amplitude correcte de l’épaule.
- La cicatrice
La cicatrice est un point très important, mais il faut attendre qu’il n’y ait plus de réaction inflammatoire trop importante. Ne nous méprenons pas, certaines adhérences profondes et superficielles de l’intervention ne sont pas influençables par les techniques ostéopathiques. Le tissu cicatriciel n’est pas innervé et, par conséquent, nous ne pouvons lui rendre sa mobilité ; en revanche, nous pouvons lui apporter de la souplesse, et aussi minime qu’elle soit, elle aura un impact sur la symptomatologie. De plus, suite à l’opération, les tissus autour de la cicatrice se rétractent autour de celle-ci ; or, ces tissus sont innervés et répondent, eux, aux techniques ostéopathiques. De ce fait, il faut absolument travailler cette cicatrice par rapport aux tissus voisins et plus profonds afin de gagner dans l’amplitude du mouvement et diminuer la douleur à la mobilisation du bras.
Pour que les tissus dont nous venons de parler soient plus souples, il faut que l’apport de sang et d’oxygène soit optimal et que la conduction nerveuse ne soit pas gênée, il faudra donc bien libérer tous les points de passage des nerfs et des vaisseaux, notamment le défilé thoraco-brachial entre la clavicule et la première cote.
Nous pouvons également relâcher les muscles du cou (trapèze, SCOM, scalènes) qui participent à la rigidification de l’hémi-thorax vers le haut, ce qui peut gêner le passage du pédicule vasculo-nerveux. Il faut également attacher une attention bien particulière au traitement de la base du crâne afin d’améliorer la posture cranio-cervicale et, par l’intermédiaire des muscles, la sphère thoracique haute.
Le curage axillaire et le lymphœdème
Le curage axillaire consiste à enlever les ganglions lymphatiques de l’aisselle.
Les objectifs principaux de cet acte chirurgical :
– il permet de connaître le stade d’avancement du cancer : en analysant les ganglions enlevés, le corps médical peut savoir si le cancer est juste local au niveau du sein (ganglions sains), ou développé au niveau du creux de l’aisselle (ganglions atteints). Le curage axillaire permet donc d’adapter au mieux les traitements complémentaires (radiothérapie, chimiothérapie),
– il est aussi un traitement : dans le cas de ganglions positifs (atteints), le fait d’extraire les ganglions lymphatiques permet d’enlever les cellules cancéreuses qui ont diffusé jusqu’à ces derniers. Il permet donc de diminuer la possibilité de dissémination des cellules cancéreuses et la formation de tumeurs à distance (métastases) ainsi que le risque de récidives locales ou à distance.
Les ganglions lymphatiques du creux de l’aisselle sont le lieu passage principal des vaisseaux lymphatiques du sein, du thorax et du bras du côté opéré. Les séquelles cicatricielles de ce geste chirurgical peuvent atténuer le bon drainage du bras du coté opéré, ce pourquoi, bien souvent, il existe un lymphœdème. Ce lymphœdème est dû à la stagnation de la lymphe au niveau de la « cicatrice ».
Quelle action de l’ostéopathe ?
Un travail ostéopathique tissulaire sur les fascias thoraciques et pectoro-axillaire est intéressant (à noter que les techniques de massages à ce niveau sont à éviter).
La libération de toutes les structures évoquées précédemment, notamment le défilé thoraco-brachial, les premières cotes, le petit pectoral et les fascias, permet de libérer le passage vasculo-nerveux, ce qui facilite l’équilibre entre l’apport nutritionnel sanguin passant par les artères et le système de retour veineux et lymphatique (évacuation de l’eau et des déchets), favorisant particulièrement la réduction du lymphœdème. L’ostéopathie peut aussi permettre de diminuer la durée du lymphœdème après un effort (port de charge de quelques kilos, par exemple).
En plus des aspects mécanique et circulatoire que nous venons d’exposer, l’ostéopathie peut également avoir un intérêt dans la prise en charge de symptômes persistants, en lien avec les autres traitements comme la chimiothérapie (maux de tête, nausées, vomissement, …).
Ainsi l’ostéopathie peut accompagner la reprise de la vie quotidienne en diminuant les contraintes mécaniques liées à l’intervention et en redonnant de la souplesse aux tissus. Si elle n’éradique pas toujours toute gêne, toute douleur, ou tout gonflement, elle les diminue de manière significative et permet de reprendre le fil du quotidien plus aisément et plus rapidement. Plusieurs séances peuvent être nécessaires afin d’obtenir un résultat satisfaisant et le résultat dépend du contexte de la patiente, chaque cas étant un cas particulier.
Retrouvez plus d’informations sur le site de la ligue contre le cancer.
Marie RAYBAUD
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