Le syndrome des loges : traitement et ostéopathie
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Le syndrome des loges chronique correspond à 5% des pathologies des jeunes sportifs ; il touche les hommes 9 fois sur 10.
Ce syndrome des loges est peu connu du grand public. Pourtant, il entraîne des douleurs musculaire intenses ! Voyons ensemble comment le diagnostiquer et comment votre ostéopathe peut vous aider à soulager, traiter et prévenir ce syndrome des loges.
Aponévrose et loge musculaire
Les différents muscles du corps sont entourés d'une membrane, il s'agit de l'aponévrose que l’on appelle aussi fascia. Cette aponévrose forme une gaine inextensible qui regroupe plusieurs muscles et c'est cela qu'on appelle une loge.
On pourrait faire un parallèle avec une orange : la peau des quartiers correspondant aux aponévroses et la pulpe aux muscles. En ostéopathie, on travaille souvent sur les fascias notamment au niveau des membranes interosseuses des avant-bras et des jambes.
Les aponévroses isolent les muscles les uns des autres. Les loges isolent les groupes musculaires les uns des autres. Par exemple : la loge postérieure de la cuisse regroupe les muscles semi-membraneux, semi-tendineux et le biceps fémoral ainsi que les artères et veines fémorales et le nerf sciatique.
En effet, il n’y a pas que des muscles dans ces loges ; des vaisseaux sanguins parcourent la zone afin de l’irriguer. Les artères apportent des nutriments et de l'oxygène. Les veines, elles, éliminent les déchets. Les nerfs induisent la contraction des fibres musculaires ainsi que différents capteurs sensibles à la pression et à la douleur.
Qu'est ce que le syndrome des loges ?
La première description du syndrome des loges a été signée en 1872 par Volkmann. Sa première observation concernait le membre inférieur.
C’est en 1967 que fut introduit le terme de compartment syndrome traduit en français par syndrome des loges.
Il s’agit d’une augmentation de la pression intra tissulaire dans une ou plusieurs loges. Cela concerne classiquement les avant-bras et les mollets, même si ces loges sont présentes dans l’ensemble du corps. La douleur peut survenir de façon aiguë ou chronique lorsque le muscle devient à l’étroit dans sa loge aponévrotique par un défaut de drainage veineux ou lymphatique.
De là, s’installe un phénomène auto-entretenu qui débute par un œdème tissulaire (par exemple dû à un traumatisme). Lorsque cet œdème apparaît dans un espace aponévrotique clos, il n'y a que peu de place pour l'expansion des tissus dans cette loge inextensible et, ainsi, la pression dans la loge augmente. Lorsque la pression dans les loges dépasse la pression capillaire (pression des vaisseaux sanguins de petit calibre) normale, la perfusion cellulaire ralentit et peut finalement s'arrêter. L'ischémie (diminution de l’apport sanguin) tissulaire résultante aggrave encore l'œdème ce qui forme un cercle vicieux.
On distingue :
- le syndrome des loges aigu, survenant après une blessure et nécessitant une prise en charge en urgence,
- le syndrome des loges chronique dû à une trop forte sollicitation du muscle. Ce dernier arrive fréquemment chez les sportifs, notamment en endurance ou chez les travailleurs manuels et les musiciens qui sollicitent toujours les mêmes muscles. Dans 9 cas sur 10, cela concerne les hommes entre 20 et 30 ans.
Comment repérer un syndrome des loges (symptômes) ?
Le syndrome des loges présente des signes caractéristiques :
- en tout premier lieu, des douleurs intenses voire insupportables au niveau de la zone touchée. Lorsqu’il est consécutif à une fracture, on décrit des douleurs disproportionnées par rapport au traumatisme causal. Cette douleur est rebelle aux antalgiques ainsi qu’aux changements de position et augmente à la surélévation du membre lésé.
- un gonflement de la zone et une musculature durcie avec douleur à la pression seront également observés,
- une hernie musculaire est présente dans un tiers des cas. Par endroit, les masses musculaires finissent par sortir de leur contenant à travers l'aponévrose rompue,
- dans un deuxième temps apparaissent des signes nerveux : déficit de la sensibilité dans le territoire du nerf atteint, paresthésies (engourdissements, fourmillements, picotements). La paralysie (déficit moteur) est un signe tardif. Les pouls sont présents au début car le syndrome des loges atteint la microcirculation, la diminution des pouls périphériques est un signe de gravité.
Le diagnostic est posé en regard des symptômes présents ainsi que par la mesure de la pression intra-musculaire à l’aide d’une sonde.
Quelle est la cause du syndrome des loges ?
Il existe deux types de syndrome des loges : un aigu qui est une urgence chirurgicale et un chronique observé surtout chez les sportifs.
Le syndrome des loges aigu
Le syndrome des loges aigu peut avoir deux causes différentes :
- une diminution de la taille du contenant c’est-à-dire une diminution du volume de la loge musculaire. Celle-ci fait généralement suite à des bandages et plâtres trop serrés, à un garrot (donc compression prolongée) ou une aponévrose épaissie due à une fibrose.
- Il peut également résulter d’une augmentation du volume du contenu de la loge notamment après une blessure comme une fracture du tibia ou une déchirure musculaire entraînant un hématome.
Le syndrome des loges chronique
Le syndrome des loges chronique touche principalement les sportifs qui sollicitent trop souvent les mêmes muscles. On décrit une activité soutenue d'environ 15 à 20 heures d'entraînement par semaine, le mollet étant la localisation la plus fréquente.
En effet, le muscle peut accroître son volume de près de 30% durant l’effort entraînant un conflit contenu-contenant du fait du caractère inextensible des gaines aponévrotiques. Ces manifestations sont temporaires et réversibles.
- Au niveau des membres inférieurs (jambes), il faudra être attentif lors de la pratique de la course à pied, foot, ski de fond, roller, natation avec palmes...
- Et pour les membres supérieurs, ce sont les sports tels que la planche à voile, ski nautique, escalade, motocross, etc... qui vont être les plus traumatiques.
Ce syndrome va se développer chez les personnes qui intensifient leur pratique sportive. Dans cette forme chronique, la douleur cède progressivement au repos même si des courbatures peuvent persister. En dehors des activités physiques, l’examen clinique est normal. Cependant, lorsque cette pathologie s’aggrave, la douleur apparait pour des efforts de moins en moins intenses. Cette forme chronique peut même se transformer en forme aiguë avec des douleurs qui persistent.
Ce qui va également aider à poser le diagnostic du syndrome des loges chroniques, c’est la présence d’une douleur lors de la course à pied mais pas sur un autre sport comme le cyclisme par exemple. On peut ainsi définir un délai d’apparition des symptômes. Le fait que cette douleur arrive progressivement et des deux côtés en même temps oriente également le diagnostic (c’est le cas chez 50 à 80% des patients).
On appelle syndrome de Volkmann la manifestation tardive de séquelles ischémiques (défaut d’irrigation sanguine) entraînant une rétraction définitive des muscles de l’avant-bras, notamment lors du port d’un plâtre compressif.
Traitement du syndrome des loges
Une adaptation de la pratique sportive et une prise en charge médicale peuvent venir à bout d'un syndrome des loges chronique. Le traitement chirurgical peut être discuté chez des sportifs subissant une gêne importante, sachant que l'arrêt de la pratique sportive est une alternative. La chirurgie intervient en cas d'échec d'un traitement médical après 2 à 6 mois.
Cependant, face à un syndrome des loges aigu, la chirurgie doit être pratiquée en urgence.
L'ostéopathie pour prévenir le syndrome des loges
L'ostéopathie va avoir un intérêt important pour prévenir l'apparition des complications du syndrome des loges.
En effet, votre ostéopathe pourra, grâce à ses connaissances médicales, vous guider dans le diagnostic et permettre une récupération optimale ; n'hésitez pas à le consulter dès les premiers signes.
En prévention, l’ostéopathe effectuera un travail au niveau des aponévroses et notamment au niveau des membranes interosseuses de la jambe (tibio-fibulaire) et de l’avant-bras (radio-ulnaire) qui sont des parties intégrantes des loges musculaires.
Il peut également, par son travail sur la posture, éviter les sur sollicitations musculaires.
C’est aussi le rôle de l’ostéopathe de vous montrer les exercices d’étirement adaptés à votre pathologie et à votre pratique sportive. Votre ostéopathe a l’habitude de travailler sur ces fascias, n’hésitez pas à le solliciter.
La prévention passe par la réduction de l'intensité des efforts (adaptation à ses capacités) ou le changement des activités, par des échauffements et des étirements consciencieux, par des modifications de l'équipement ou des gestes et surtout une augmentation progressive de l'intensité et de la durée des efforts.
Traitement médical
Des massages, des antalgiques ou des poches de glace peuvent être appliqués pour diminuer la douleur. Les médicaments veinotoniques ou le port de chaussettes de contention sont parfois proposés.
La kinésithérapie, par des exercices d’étirements, d’ultra-sons, de drainage lymphatique, de massages et de travail de proprioception peut améliorer la perfusion des loges.
La podologie permet un suivi de la posture de l'athlète avec des semelles adaptées qui limiteront les tensions musculaires et autres crampes.
Traitement chirurgical
Lorsque les signes cliniques suffisent à diagnostiquer un syndrome des loges aigu, la mesure des pressions n'est pas nécessaire et ne doit pas retarder le geste chirurgical. L’opération vise à obtenir une décompression en pratiquant une ouverture des loges concernées (aponévrotomie).
Les complications chirurgicales (hématomes, atteintes nerveuses, défaut de cicatrisation, infections…) sont rares. Dans la grande majorité des cas, la chirurgie fait disparaître définitivement les douleurs. Après la rééducation (kinésithérapie, ostéopathie, marche…), la reprise des activités sportives est généralement possible sans séquelle après 2 à 6 mois.
Encore une fois, l’ostéopathie a son intérêt dans les suites opératoires ; en effet, les ostéopathes peuvent travailler sur les cicatrices même profondes afin de diminuer les adhérences (fibroses des tissus), celles-ci pouvant conduire à une récidive de ce syndrome.
Le retard de prise en charge d'un syndrome des loges aigu s'accompagne, en revanche, d'un risque majeur d'installation de lésions irréversibles (nécrose musculaire, fibrose, lésions nerveuses…), avec des séquelles plus ou moins graves : rétraction musculaire avec attitude en flexion d’un membre, troubles sensitifs et moteurs…
Vous l’aurez compris, lors d’un syndrome des loges aigu, chaque minute compte pour éviter des séquelles. Cependant, lorsque vous souffrez d’un syndrome chronique, pensez à consulter un ostéopathe. Par son expertise et son habitude de traiter les fascias (aponévroses), il est le thérapeute tout indiqué avant d’envisager une chirurgie.
Article écrit par Cécile GRAZIANI, ostéopathe à Montpellier
Références :
http://www.docteurrouxel.com/syndrome-loges.html
https://www.institut-main.fr/syndrome-de-loges-au-membre-superieur/
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