Agressions sexuelles et prise en charge ostéopathique : mieux comprendre son corps et ses maux

Les agressions sexuelles sont des crimes très fréquents à l’échelle mondiale, faisant état de profondes violations des droits d’une personne. Plus de 23 millions de femmes en sont victimes au cours de leur vie. Leur conceptualisation est passée du statut de problème social à celui de problème de santé publique ces dernières années du fait de la prévalence mais aussi de la complexité des séquelles. C’est un sujet dont nous n’osons habituellement pas parler puisque sensible. Cependant des millions de personnes, femmes et hommes, en sont victimes et les conséquences physiques et leur prise en charge n’en sont encore que peu connues.

1. Quelles sont les conséquences des agressions sexuelles ?

La violence sexuelle, au-delà du fait de la violation des droits et de l’intégrité physique de la personne, peut avoir des conséquences imminentes mais aussi à long terme. 

Les conséquences de ce traumatisme sur la santé peuvent être physiques, psychologiques, sexuelles et sociales. 

C’est ainsi que la compréhension du lien entre corps et esprit, concept clé de l’ostéopathie, devient essentielle. Les douleurs ne résultent pas que des conséquences directes suite au traumatisme physique mais aussi aux séquelles neurologiques du stress qui va induire une hyperalgésie (augmentation de la sensibilité à la douleur). Il est important de ne pas négliger ces douleurs. La prise en charge qui nous vient instinctivement en tête serait un suivi avec un psychologue, un hypnothérapeute, un sophrologue etc… Ces disciplines agissent sur votre composante psychique et en complément, nous pouvons proposer des médecines manuelles comme l’ostéopathie qui va se concentrer sur les maux physiques et les douleurs corporelles engendrées par le traumatisme. Celles-ci sont souvent négligées et mises à l’écart. L’ostéopathe pourra vous aider à mieux comprendre votre corps et à mieux appréhender les douleurs qui y sont associées.

2. Quelles peuvent être les douleurs ressenties suite à une agression sexuelle ?

A la suite d’une agression sexuelle, des douleurs peuvent survenir sur du court terme, mais aussi sur du long terme, agissant ainsi sur votre santé. Certains chercheurs scientifiques décrivent 8 régions corporelles possiblement douloureuses chez la femme ayant été victime d’une agression sexuelle :

• la tête et le visage
• le cou
• le torse
• les bras
• l’abdomen
• les lombaires
• le système pelvien et génital
• les jambes

Les douleurs peuvent perdurer majoritairement au niveau du petit bassin, englobant la sphère gynécologique mais aussi les structures osseuses et articulaires pelviennes (sacrum, iliaques, coccyx) pouvant être cause de douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunies), de vaginisme ou de douleurs pelviennes chroniques. La dyspareunie correspond à une douleur qui peut se manifester avant, pendant ou après un rapport sexuel. L’hypertonicité pelvienne peut expliquer ces troubles en empêchant le sang d’atteindre les parties génitales pendant l’activité sexuelle et restreindre ainsi votre épanouissement sexuel. Ces douleurs peuvent aussi être ressenties à type de pesanteur pelvienne ou sous forme de troubles urinaires : envie pressante d’aller aux toilettes, fréquence excessive des mictions.

Cependant, nous pourrions être surpris d’apprendre que certaines douleurs peuvent exister au niveau de l’abdomen, incluant les troubles gastro-intestinaux (ballonnement, diarrhée, constipation), mais aussi des symptômes au niveau de la sphère cardio-pulmonaire et neurologique, sous forme de palpitation, engourdissement, faiblesse générale, insomnies.

3. Qu'en est-il de l’anxiété et de la peur liée au traumatisme ?

L’anxiété ressentie est un symptôme important pouvant expliquer de nombreuses autres manifestations comme des maux de tête, des tensions au niveau des mâchoires associées à du bruxisme (le fait de serrer des dents), de l’hyperventilation. L’anxiété et ses retentissements sur le corps sont non négligeables, d’autant plus que les victimes d’agressions sexuelles sont les personnes les plus susceptibles de souffrir d’un syndrome de stress post traumatique. D’où l’importance d’une prise en charge pluridisciplinaire incluant le corps et l’esprit.

4. Comment l'ostéopathie peut vous aider ?

L’ostéopathie est une thérapie manuelle, pas d’instruments, et pas de manipulations internes, prohibées par la loi ! Rassurez-vous, toutes les techniques réalisées sont indolores et sont réalisées dans le but de procurer du bien-être.

L’ostéopathe a pour but d’améliorer et favoriser la santé et la fonctionnalité du corps d’un patient en éliminant les obstacles structurels et biomécaniques qui peuvent entraver la capacité de l’organisme à s’engager efficacement dans le rétablissement. Dans un premier temps, l’ostéopathe va avoir un rôle d’écoute et de compréhension et va soutenir le patient dans la compréhension et réappropriation de son corps. Dans ce genre de contexte, la palpation, qui est l'outil clé de l’ostéopathe, va constituer le premier pas de la technique et un toucher doux et chaleureux va être de mise pour la prise en charge. Des tests peuvent être réalisés pour cibler les zones en restrictions de mobilité.

5. Prise en charge ostéopathique et agressions sexuelles

L’ostéopathie peut aider les personnes souffrant de douleurs à la suite d’une agression sexuelle en redonnant de la mobilité globale à la structure musculo-squelettique, n’oublions pas : « la vie, c’est le mouvement » et « le mouvement c’est la santé » (Andrew Taylor Still).

L’ostéopathe pourra aussi travailler sur l’équilibration des pressions entre le périnée et le diaphragme dans le but de diminuer les douleurs abdominales et gynécologiques. La biomécanique permet une bonne fonction du vagin puisque pour se contracter ses structures environnantes musculaires, tissulaires, osseuses ou articulaires doivent être souples, c’est-à-dire sans manque de mobilité pour ne pas gêner son expression et assurer ainsi la meilleure fonction possible de la sphère gynécologique. Ceci pourra vous permettre de vous aider dans votre épanouissement sexuel en diminuant par exemple les douleurs aux rapports ou les douleurs liées à l’orgasme. 

Ce traitement va en complément de techniques visant à libérer les paquets vasculo nerveux qui seraient comprimés par les restrictions de mobilités tissulaires ou ostéoarticulaires, pour favoriser une meilleure vascularisation des tissus et une meilleure circulation sanguine générale.

Il faut aussi penser aux adhérences cicatricielles qui auraient pu être causées par les potentielles blessures lors de l’agression sexuelle. L’ostéopathe est en mesure de réaliser un traitement sur les fascias, qui sont des tissus conjonctifs de recouvrement, pour défaire les « nœuds » tissulaires loco-régionaux et redonner de la mobilité à l’ensemble des tissus environnants dans le but de retrouver un équilibre naturel.

Il peut inclure aussi l’aspect physique et émotionnel en travaillant sur l’axe crânio-sacré qui va contribuer à favoriser votre qualité de vie ainsi que diminuer votre anxiété et ainsi agir sur la composante de stress.

Tous ces exemples sont non exhaustifs et permettent de comprendre un peu mieux la prise en charge ostéopathique ainsi que sa place dans le traitement de douleurs liées aux suites d’agressions sexuelles.